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Une arme de plus dans le suivi du cancer de la prostate

Selon les chiffres du registre belge du cancer, le cancer de la prostate touche 9800 hommes par an. Il s’agit du 2e cancer le plus fréquent en Belgique. Il touche essentiellement les hommes à partir de 50 ans. Malgré les progrès thérapeutiques, il demeure au troisième rang des décès par cancer chez l’homme. L’imagerie médicale joue un rôle majeur dans le diagnostic et la prise en charge du cancer de la prostate.

Le TEP – scan  est un examen performant d’imagerie fonctionnelle analysant le fonctionnement et le métabolisme des organes. Il couple un scanner (tomographie aux rayons X /imagerie morphologique) à une tomographie de répartition d’un traceur radioactif (radiotraceur/imagerie métabolique).  Le traceur le plus répandu à l’heure actuelle est le FDG (Fluoro-Déoxy-Glucose), un sucre marqué au Fluor-18, traceur du métabolisme cellulaire. Très utilisé dans le cadre du diagnostic du cancer, cet examen a pour but de visualiser les organes accumulant de façon excessive le FDG, ce qui traduit une consommation trop importante de glucose. On sait qu’habituellement la consommation cellulaire en glucose est augmentée au niveau des cellules tumorales, infectieuses et inflammatoires.

Malheureusement, ceci n’est que rarement le cas pour le cancer de la prostate. En particulier lorsque la cellule cancéreuse de la prostate est encore sensible aux hormones ou présente un faible score Gleason, la cellule cancéreuse présentera un métabolisme du glucose encore insuffisamment augmenté pour être détectée de manière fiable au moyen du FDG.

Un nouveau traceur TEP, le PSMA (antigène membranaire spécifique de la prostate) marqué au Gallium 68 (68Ga), nettement plus spécifique du cancer de la prostate, est utilisé depuis peu à l’A.I.R.C (Association inter hospitalière de la région de Charleroi). Grâce à sa meilleure sensibilité, il a un impact majeur sur le plan de traitement des patients atteints d’un cancer de la prostate.
Ce marqueur est capital à plusieurs moments :

  • Prise en charge initiale : lorsqu’un cancer est diagnostiqué, les médecins recherchent s’il n’a pas atteint d’autres organes. C’est le bilan d’extension. Grâce à l’excellente sensibilité de ce nouveau traceur, certaines atteintes ganglionnaires ou osseuses non visibles par l’IRM, le scanner ou la scintigraphie osseuse peuvent être révélées chez des patients atteints d’une tumeur localisée dite « à haut risque », ce qui pourrait être décisif pour le choix du traitement. A noter que cette indication n’est pas encore validée et remboursée à l’heure actuelle en Belgique, mais le sera probablement dans un avenir proche.
  • Diagnostic de récidive : il est possible que malgré un traitement curatif par radiothérapie ou chirurgie pour une maladie initialement localisée, le cancer réapparaisse. Lors des contrôles sanguins, l’élévation du taux d’antigène prostatique spécifique (PSA)  peut indiquer la présence d’une récidive métastatique. Le TEPscan au 68Ga-PSMA permet de localiser précisément la récidive dans le corps et de manière plus précoce qu’un scanner ou une scintigraphie. Il s’agit là de l’unique indication validée, approuvée et remboursée actuellement pour cet examen.
  • Approche théranostique (thérapeutique et diagnostique) basée sur le PSMA dans le cancer de prostate métastatique résistant à la castration par hormonothérapie. La médecine nucléaire, à l’origine une discipline diagnostique, évolue aussi de plus en plus vers un domaine de spécialité thérapeutique. Ce type d’approche systémique ciblée pourrait bien représenter une nouvelle option thérapeutique dans le cancer de la prostate, avec l’utilisation de ligands du PSMA  radiomarqués par lutétium 177 (177Lu). Des études cliniques de phase 2 prometteuses ont démontré son intérêt potentiel en terme de chute du PSA. Une étude de phase 3 est en cours pour valider cette approche. Les résultats de cette étude seront déterminants pour savoir dans quelle mesure cette modalité thérapeutique fera son entrée dans le traitement standard du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration dans un contexte post-chimiothérapie.

 

En savoir +

Le centre A.I.R.C Lucien Raynal se situe sur la chaussée impériale à Gilly. L’utilisation du nouveau traceur TEP (68Ga-PSMA) est le fruit d’une collaboration entre les services de Médecine Nucléaire du Grand Hôpital de Charleroi, de la Clinique Notre-Dame de Grâce de Gosselies et de l’ISPPC.